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Moi, mes patins ont bien patiné...

  • Lundi 18 janvier 2016

J’avais 16 ans lorsque le cousin à ma mère m’a embrigadé dans un concours de personnalité organisé par le Club Optimiste. De là, j’ai cheminé jusqu’en finale provinciale. Les Amis de la jeunesse, pour me récompenser, m’ont acheté une paire de patins que je chausse toujours.

Cette compétition et ces patins ont été importants pour moi. Ils m’ont permis de sortir de mon monde. Ayant maintenant des patins, j’ai pu m’acheter un équipement de hockey, entreprendre ma carrière de hockeyeur et devenir le pire ailier droit de tous les temps d’une équipe midget de Prévost. Surtout, j’ai acquis ce qu’il y a de plus précieux lorsque tu es ado : de bons amis.

En somme, mes patins m’ont fait découvrir le monde. Ces membres du Club optimiste, Amis de la jeunesse qui portaient à l’époque de nombreuses épinglettes ridicules, ont fait la différence pour moi.

La petite cérémonie de remise des patins a eu lieu à la Maison d’entraide de Prévost. C’était une caverne d’Ali Baba avec ses multiples trésors : une friperie sur 3 étages, une banque alimentaire, une petite salle communautaire et ses irréductibles bénévoles.

Une vingtaine d’années plus tard, je suis devenu membre du conseil d’administration de la Maison d’accueil. J’ai pu constater qu’avec un budget ridicule, elle réussissait à offrir des services à la population qu’aucun gouvernement ni entreprise privée ne pouvaient offrir pour 5 fois leurs coûts. Bien souvent, les organismes sans but lucratif font des miracles à partir de rien : ils multiplient les pains, changent l’eau en vin.

Non seulement le milieu communautaire donne des services à la population avec de maigres ressources financières, mais il génère une richesse incalculable, car il crée un tissu social entre les gens et il prévient la pauvreté profonde. Cette pauvreté qui coûte si cher à la société : soins psychiatriques, petite criminalité, avenir sans horizon pour les enfants. Pour un investissement minime, les organismes sans but lucratif évitent ces dépenses énormes, et créent de l’espoir.

Pourtant, depuis 30 ans, les gouvernements municipaux, probablement pour assouvir leurs obsessions de contrôle et pour permettre à leurs politiciens de serrer des poignées de mains ont tenté de se substituer à ceux-ci. Là ou un organisme faisait une épluchette de blé d’Inde, la Ville organisait la sienne une semaine avant; là où le club Optimiste faisait un carnaval, la Ville faisait une fête des neiges. Là où un journal communautaire informait les citoyens, la Ville imprimait un bulletin municipal. Etc.

Parfois, c’est même la confrontation. Là où l’on voulait sauver une vieille gare, on menaçait de la démolir.

À l’heure des restrictions budgétaires et de cette énième récession, il est temps de reconnaître la place de ces organismes et de ces associations dans notre communauté, de les laisser prendre leur envol, sans trop de contraintes, mais avec beaucoup d’aide.